Ten Ten est une application française dont le principe est simplissime : transformer le smartphone en talkie-walkie. Comme ce dernier, les messages envoyés sont lus sur le haut-parleur du téléphone, même quand il est verrouillé, écran éteint.
Lancée il y a à peine deux mois sur Android et iOS, le succès de l’application a été quasi immédiat. Elle a été téléchargée quatre millions de fois, dont un million en France. Cependant, divers aspects de son fonctionnement font lever des sourcils, notamment au ministère de l’Intérieur. Camille Chaize, porte-parole du ministère, met ainsi en garde contre « de sérieux dangers pour la vie privée et la sécurité en ligne ».
Deux points sont particulièrement mis en avant. D’abord, pour la vie privée, car l’application récupère les noms, numéros de téléphone, pseudos et contact.
Précisons que l’application réclame également plusieurs accès – dont les contacts et le microphone – sans lesquelles elle ne peut pas (ou ne veut pas) fonctionner. La politique de confidentialité de Ten Ten étant « en cours de rédaction », le risque existe, même si la société française affirme qu’elle ne vendra jamais les données et que les conversations sont éphémères, donc non enregistrées.
Deuxième point, l’aspect intrusif du fonctionnement. La réception d’un message n’est pas soumise à validation. En clair, l’audio se déclenche dès la réception. Où que l’on soit, un contact pourra faire émettre sur votre téléphone – même verrouillé – le message de son choix. Celui-ci pourra contenir sa voix ou n’importe quel son à portée de son micro.
Cet aspect intrusif est renforcé par le fonctionnement par pseudos. Ces derniers s’échangent vite. Les enfants et adolescents, qui semblent plébisciter l’application, pourraient donc ajouter des individus malintentionnés.
La porte-parole du ministère de l’Intérieur donne plusieurs recommandations. Notamment, conseiller aux enfants la plus grande prudence sur les personnes ajoutées, ainsi que la désactivation des notifications la nuit. Un réglage permet en outre de limiter l’envoi de messages audio aux seules personnes autorisées.