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![La silhouette d'un Zorro brandissant un livre dont des feuilles s'envolent sur fond de la lettre Z](http://next.ink/wp-content/uploads/2024/07/Z.webp)
La bibliothèque clandestine Z-Library est de nouveau ciblée par le Syndicat national de l’édition. Celui-ci demande à la justice de bloquer de nouveaux noms de domaine dirigeant vers la plateforme. En mai dernier, les deux Russes accusés d’être à la tête du site Z-Library par les autorités américaines se sont évadés de la prison de Córdoba en Argentine avant leur extradition.
Selon des informations obtenues par L’informé, le Syndicat national de l’édition (SNE) a demandé à la justice française de bloquer de nouveaux noms de domaine dirigeant vers la plateforme Z-Library. Le lobby défend les intérêts des entreprises françaises de l’édition comme Albin Michel, Bayard, Calmann-Lévy, Fayard, Robert Laffont, Flammarion ou Gallimard,
Cette bibliothèque clandestine, dont l’objectif principal affiché est d’ « améliorer le niveau d’éducation des personnes dans le monde entier », explique vouloir « par conséquent », « fournir un accès gratuit à la littérature au plus grand nombre de personnes dans le besoin ».
Une demande de mise à jour de la liste des noms de domaine bloqués
Mais pour le SNE interrogé par L’informé, « les responsables de l’édition et de l’administration de la plateforme Z-Library ne sont mus que par la volonté de développer et donner accès à la plus vaste bibliothèque clandestine du monde ».
Le représentant des éditeurs français avait déjà obtenu de la part du tribunal judiciaire de Paris, en août 2022, le blocage de 209 noms de domaines par les DNS des principaux fournisseurs d’accès français (Bouygues, Free, Orange, SFR et SFR fibre). Mais le SNE veut mettre à jour cette liste, car de nouveaux miroirs comme z-library.fr sont apparus.
En effet, à l’époque, comme le soulignait l’avocat Alexandre Archambault sur X, « le juge a (sèchement) rejeté la demande d’actualisation visant les sites miroirs sans décision de justice ».
Ce n’est pas toujours le cas. Pour Sci-Hub et LibGen, le juge avait prévu qu’ « en cas d’évolution du litige notamment par la modification des noms de domaines ou chemins d’accès », les éditeurs qui ont assigné en justice les plateformes pourraient « en référer à la présente juridiction selon la procédure accélérée au fond ou en saisissant le juge des référés, en mettant en cause par voie d’assignation les parties présentes à cette instance ou certaines d’entre elles, afin que l’actualisation des mesures soit ordonnée ».
Mais deux ans après, le SNE essaye d’actualiser cette liste par une nouvelle décision. Selon L’Informé, l’assignation signée par le SNE le 21 mai 2024 dénonce le caractère « massivement contrefaisant » de cette bibliothèque mondiale, qui engendre un « préjudice considérable » au secteur.
Un site attrayant
Le lobby des éditeurs compare même la forme de Z-Library « aux sites de commerce en ligne de livres numériques licites comme Fnac.com ou Amazon.com ». Il décrit dans son assignation la page d’accueil du site comme « une mosaïque de couvertures graphiquement attrayantes » et y détaille toutes les fonctionnalités de recherche et de disponibilité des ouvrages en différents formats.
Selon nos confrères, le SNE a fait appel à la société spécialisée LeakID pour identifier 98 noms de domaine de la bibliothèque clandestine.
Dans sa requête, le SNE explique que 83 % des 500 premiers livres en français seraient édités par ses membres et cite notamment des livres récents comme « L’Enragé » de Sorj Chalandon ou encore « Sur la dalle » de Fred Vargas. Il dénonce une atteinte à leurs droits de représentation et de production et demande un blocage de 18 mois des noms de domaine que LeakID a identifiés, avec mise en œuvre dans les quinze jours et à leurs frais.
Une évasion avant extradition
Du côté des deux Russes suspectés d’être à la tête de Z-Library, c’est aussi en mai dernier que s’est joué un rebondissement. Rappelons qu’en novembre 2022, les autorités américaines ont inculpé deux ressortissants russes, Anton Petrovich Napolsky et Valeriia Ermakova, pour violation du droit d’auteur, fraude numérique et blanchiment d’argent. Ils ont été arrêtés en Argentine et une procédure d’extradition était en cours.
Mais alors qu’un juge argentin avait approuvé leur transfert après une bataille judiciaire d’un an, les deux comparses se sont évadés, révélait le média local La Voz. Selon son enquête, c’est le contrôleur des libertés de Córdoba qui s’est aperçu de l’évasion lors d’une visite. L’avocat des deux accusés a ensuite expliqué au magistrat chargé de statuer sur leur extradition qu’il avait perdu tout contact avec eux. Le juge a émis un mandat international, mais les accusés n’ont pas encore été retrouvés.