L’AFP a appris qu’un procès avait été ordonné contre trente personnes impliquées dans la commercialisation du cryptophone Sky ECC de la société canadienne Sky Global.
Tous « savaient, ou ne pouvaient raisonnablement ignorer à tout le moins, que ce produit était susceptible d’attirer la convoitise des organisations criminelles opérant dans les divers trafics de stupéfiants extrêmement prolifiques », précisent les magistrats instructeurs dans l’ordonnance de mise en accusation consultée par l’AFP.
Le cryptophone s’achetait « de la main à la main, en espèces ou en cryptomonnaies et à des tarifs prohibitifs (jusqu’à 2 000 euros les six mois) », résume l’AFP. Pour les juges d’instruction, cela fait de Sky ECC « un moyen de communication à destination (quasi) exclusive des organisations criminelles ». Ce que conteste Jean-François Eap, le PDG de Sky Global.
En France, une information judiciaire avait été ouverte en 2019 pour, notamment, association de malfaiteurs en vue de l’importation de produits stupéfiants commise en bande organisée, fourniture de prestations de cryptologie visant à assurer des fonctions de confidentialité sans déclaration conforme, et blanchiment d’importation de produits stupéfiants.
Douze personnes ont été mises en examen, et dix-huit autres sont visées par des mandats d’arrêt. Une seule est en détention provisoire depuis 2021: Thomas Herdman. Ce Canadien de 63 ans est considéré par les enquêteurs comme un des principaux distributeurs de l’application, ce qu’il conteste.
Le décryptage de millions de messages échangés via des cryptophones Sky ECC avait permis, en 2021, l’arrestation de plusieurs dizaines de suspects de crimes et la saisie de dizaines de tonnes de drogues en Belgique et aux Pays-Bas.