Pour sa défense, Pavel Durov avait affirmé avoir ouvert un canal de communication officiel avec la DGSI dans le cadre de la lutte antiterroriste, « avec hot-line et adresse mail dédiée en cas de risque de mort imminente », ce qui lui aurait permis de « déjouer plusieurs attentats ».
Or, relève Le Canard Enchaîné dans son édition du 4 septembre, « d’après les infos du Palmipède, si nos contre-espions ont bel et bien pris contact avec le boss de Telegram dans le cadre de la lutte antiterroriste, ils n’ont jamais réussi à obtenir une quelconque coopération avec lui ».
Un contre-espion qui avait « eu à traiter le dossier » raconte au Canard que « vu que la messagerie nous avait envoyé balader », alors qu’elle était devenue le canal de communication privilégié des djihadistes, « on avait demandé aux services russes de récupérer le contenu de certains échanges chiffrés », avant de préciser :
« Mais ils nous avaient répondu qu’eux-mêmes n’y arrivaient pas car Dourov n’en faisait qu’à sa tête ».
Durov ayant par ailleurs laissé une partie de ses serveurs en Russie, « offrant ainsi au FSB et consorts la possibilité d’y fourrer le nez », la DGSI aurait par ailleurs réussi, « à force de tirer la sonnette d’alarme », à obtenir que l’usage de Telegram, « comme celui de WhatsApp et Signal, soit interdit aux membres du gouvernement de à la haute administration », en novembre 2023.
Or, c’est précisément en novembre 2023 que le bureau de la Première ministre avait publié une circulaire à destination des ministres, secrétaires d’État, ainsi que les membres et directeurs de cabinets ministériels, les enjoignant à désinstaller en urgence toutes les solutions de messageries instantanées courantes au profit d’une seule, Olvid.
À l’époque, Matignon avait précisé au Canard que « ces consignes ne concernent que les téléphones des cabinets fournis par l’État, et lorsqu’il s’agit d’une communication entre ministres et cabinets ». « Ce qui n’empêche pas Macron de continuer à blablater sur le canal russe », conclut Le Palmipède dans son édition du jour.