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Ariane 6 : le premier lancement est un « succès », mais…

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Jusqu’ici, tout va bien !

Ariane 6 va prendre son envol avec quatre ans de retard, sauf contre-ordre de dernière minute. Une première étape importante pour la France et l’Europe, qui jouent leur souveraineté d’accès à l’espace pour leurs satellites scientifiques et militaires. Les opérations se déroulent comme prévu ou presque, avec un retard d’une heure et un APU capricieux qui a mis un terme prématuré à la mission.

Mise à jour le 9 juillet à 1h50: Lors d’une conférence de presse, l’Agence spatiale européenne est revenue sur ce premier lancement d’Ariane 6. Les dirigeants de l’ESA, d’Arianegroup, d’Arianespace et du CNES étaient d’accord pour parler d’un succès sur toute la ligne.

« Les 18 premières minutes sont suffisantes pour dire que c’est un succès », affirme même Stéphane Israël, C CEO d’Arianespace. Si on monte à 56 minutes, on a le second allumage du moteur Vinci, qui est là aussi une belle réussite et une première pour Ariane. C’est une des nouvelles raisons d’être d’Ariane 6 par rapport à la 5.

La séparation des trois conteneurs s’est déroulée correctement, mais ensuite les choses se sont compliquées. Entre le deuxième et le troisième allumage de l’APU la fusée n’a pas réagi correctement : « nous ne savons pas pourquoi l’APU s’est arrêté » prématurément, indique Martin Sion, président exécutif Arianegroup. Résultat des courses, le moteur Vinci ne s’est pas allumé pour son troisième rodéo, car l’APU n’a pas fonctionné correctement. Dommage pour un « système absolument unique au monde » qui est présenté comme une des forces d’Ariane 6.

La passivation a toutefois fonctionné correctement. C’est la solution de replis puisqu’une désintégration dans l’atmosphère était prévue, mais comme la fusée ne répondait pas correctement, le plan B a été actionné.

En conséquence, les deux derniers passagers n’ont pas été libérés pour ne pas faire de débris supplémentaire en orbite. Il s’agit de la capsule Nyx Bikini de The Exploration Compagny et de la SpaceCase SC-X01 d’Arianegroup. The Exploration Compagny est donc le seul « passager » externe à faire les frais de la défaillance de l’APU.

Maintenant l’heure est à l’analyse des données pour bien comprendre ce qu’il s’est passé. Cela ne repousse par contre par le prochain vol d’Ariane 6 (et donc le premier commercial), qui reste programmé pour la fin d’année. Il devrait avoir lieu en décembre, précise Stéphane Israël.

Mise à jour le 9 juillet à 23h30 : Depuis maintenant quelques dizaines de minutes, la trajectoire n’est plus « nominale ». La courbe jaune (la trajectoire réelle de la fusée) se détache assez franchement de la courbe verte (la trajectoire nominale).

La suite des opérations n’est pas encore connue. Il faut voir si l’APU et/ou le moteur pourra être remis en route pour terminer la mission. Si aucun ne peut être remis en route, le reste d’Ariane 6 pourrait rester dans l’espace, il serait alors « passivé ».

Mise à jour le 9 juillet à 22h30 : l’heure est aux félicitations dans le centre de contrôle en Guyane, aussi bien du côté de l‘ESA, que du CNES et d’ArianeGroup : « L’Europe est de retour dans l’espace ! », lâche Philippe Baptiste (président du Centre national d’études spatiales). Même chose dans la bouche de Martin Sion (président Exécutif ArianeGroup) : « Ariane est de retour ». La mission n’est pas totalement terminée, mais les premiers satellites sont déjà en place.

Stéphane Israël, CEO d’Arianespace, ajoute que le prochain vol est prévu pour avant la fin de l’année, pour le compte du ministère de la Défense français. Ce sera le premier vol commercial d’Ariane 6, qui enchainera ensuite une douzaine de vols en 2025. Le carnet de commandes comprend déjà 29 réservations.


C’est enfin le jour J pour le nouveau lanceur lourd européen qui remplace Ariane 5, à la retraite depuis déjà un an. Ce lanceur avait pour rappel commencé sa vie (en juin 1996, il y a donc plus de 28 ans) par une explosion après 37 secondes de vol à cause d’un bug informatique.

Ariane 5 avait terminé ses missions en beauté

VA261 était en effet la dernière mission d’Ariane 5, signant au passage le 112ᵉ succès de la fusée sur 117 lancements. Dans l’ensemble, les chiffres de toutes les générations d’Ariane sont très bons. En 2021, lors du lancement du télescope James Webb, l’ESA recevait même les félicitations de la NASA pour un lancement d’une grande précision.

Voici un bilan des cinq générations :

  • Ariane 1 (1981 à 1986) : 11 lancements, 9 succès
  • Ariane 2 (1986 à 1989) : 6 lancements, 5 succès
  • Ariane 3 (1984 à 1989) : 11 lancements, 10 succès
  • Ariane 4 (1988 à 2003) : 116 lancements, 113 succès
  • Ariane 5 (1996 à 2023) : 117 lancements, 112 succès

Les trois raisons d’être d’Ariane 6

La genèse d’Ariane 6 remonte à 2009 avec la mise en place d’un groupe chargé de préparer un rapport sur la stratégie du futur des lanceurs européens car « Ariane 5 était arrivé au bout des économies qu’on pouvait faire », explique l’ESA durant une conférence. La décision finale de créer Ariane 6 a été prise en décembre 2014.

Ariane 6 à trois raisons d’être, explique un intervenant lors d’une conférence à l’Agence spatiale européenne. La première, c’est de réduire les couts. L’Agence spatiale européenne visait 40 %, mais « aujourd’hui, on a un peu moins que 40 % ». Un poste important d’économie se trouve au niveau des boosters P120C avec une structure composite carbone qui « permet de réduire le cout d’un facteur cinq ».

La deuxième, c’est la modularité. Ariane 5 avait une configuration unique, là où deux versions d’Ariane 6 sont disponibles : Ariane 62 et Ariane 64. Enfin, la troisième raison, c’est d’avoir un dernier étage rallumable pour livrer des satellites sur plusieurs orbites. C’est d’ailleurs « un des grands enjeux de ce soir ». Mission accomplie ce soir, même s’il reste encore une troisième mise à feu à faire pendant la nuit.

« Si nous voulons être autonomes […] nous avons besoin de l’autonomie d’accès à l’espace. L’Europe peut dire qu’elle continue à jouer dans la cour des grandes puissances indépendantes », affirmait Bruno Le Maire juste avant le lancement. Cela concerne à la fois la surveillande de la Terre, le réchauffement climatique, les communications, les enjeux militaires et de sécurité nationale, etc.

Les enjeux de ce premier lancement

L’Agence spatiale met également en avant l’APU (Auxiliary Power Unit), un « système absolument unique au monde » dont ce sera une « première mondiale » durant le test de ce soir. Cet APU « permet de pressuriser les réservoirs de l’étage supérieur, de préparer les rallumages en vol du moteur Vinci ou encore d’effectuer des poussées complémentaires sur demande, en orbite ».

Autre changement de taille, la « séparation en temps positifs des bras cryotechnique », que l’on pourra donc voir lors du décollage de ce soir. Sur Ariane 5 ils se retiraient quatre secondes avant le départ, sur Ariane 6 ils se détachent au moment du décollage : « ce sera un moment critique ».

Ariane 6 dispose aussi d’un portique mobile afin de faciliter des opérations de maintenance. C’est un « retour d’expérience de Soyouz » qui était avant la guerre en Ukraine opéré depuis la base de Kourou en Guyane.

Pourquoi un test en vol est-il nécessaire ?

Il s’agit aujourd’hui d’un lanceur de qualification pour Ariane 6, pour une raison simple : « on ne peut pas tester au sol tout ce qui se passe pendant le lancement ». Le moteur, les étages et les équipements électriques peuvent passer des essais au sol, mais « le test complet, ce n’est pas possible ».

La mission doit durer deux heures et demie avec trois allumages du moteur (qui peut en théorie en faire quatre par mission) et quatre séparations. Ariane 6 doit livrer une dizaine de satellites et cinq expériences.

Ariane 62 ouvre le bal, avec succès…

Ariane 6 est donc une fusée attendue et c’est peu de le dire. Nous avons déjà détaillé les caractéristiques des deux versions – Ariane 62 et 64 avec respectivement deux et quatre boosters – dans un précédent article. C’est Ariane 62 qui est sur le pas de tir pour ce premier décollage.

L’Europe ne dispose d’aucun lanceur pour le moment : Vega(-C) est cloué au sol après une explosion, Soyouz sous embargo depuis l’invasion de l’Ukraine et Ariane 5 n’est plus produite (et tous les exemplaires envoyés). Les plus pressés ont d’ailleurs dû trouver des solutions de replis, au grand plaisir de SpaceX.

… après quatre ans de retard

Le vol inaugural d’Ariane 6 arrive avec quatre ans de retard et porte de nombreux espoirs. Il était pour rappel initialement prévu pour 2020, avant de glisser à 2021, puis au deuxième trimestre 2022, au troisième trimestre 2022. Il est ensuite passé à fin 2023, même si tout le monde ou presque s’attendait à un lancement courant 2024, ce qui a d’ailleurs été confirmé par la suite. Cette fois, cela semble être la bonne.

Il y a plusieurs raisons à ces retards. L’Agence spatiale européenne expliquait que la pandémie n’était pas la seule responsable : « même avant la crise du Covid-19, un certain nombre d’activités étaient déjà sur le chemin critique, ce qui remettait en question la date d’un vol inaugural ». La guerre en Ukraine et la fin des relations avec Roscosmos sont aussi venues repousser le calendrier.

Jusqu’ici, tout va bien…

Quoi qu’il en soit, nous y sommes. La fenêtre de tir pour la mission VA262 de ce soir durait plusieurs heures, permettant des ajustements si besoin (et il y en eu un).

Les opérations se sont déroulées comme prévu depuis hier soir, le début du compte à rebours : « le portique mobile de 90 mètres de haut et 8 200 tonnes a été reculé comme prévu de 140 mètres plus tôt cet après-midi… #Ariane6 a désormais vue sur le ciel de Guyane ! », explique l’ESA. Peu après 15h, c’était le « feu vert météo pour le remplissage des réservoirs ».

Le détail du déroulement des opérations est disponible par ici.

Il y avait 1 chance sur 2 que tout se passe bien

Ce premier lancement était crucial, mais il y avait une chance sur deux pour qu’il soit un succès, de l’aveu même de Josef Aschbacher (directeur de l’ESA), comme le rapporte SpaceNews : « Statistiquement, il y a 47 % de chance que le premier vol ne réussisse pas ou ne se déroule exactement comme prévu […] Nous ferons tout ce que nous pouvons pour que ce soit une réussite, mais je pense que c’est quelque chose que nous devons garder à l’esprit ». La balance a penché du bon côté.

Certains étaient plus optimistes. Selon le directeur du transport spatial de l’ESA (Toni Tolker-Nielsen), l’Europe « peut faire mieux avec Ariane 6 ». Pour le directeur des opérations et son adjoint, « la tension est forte à tous les niveaux puisque la culture en Europe n’est pas celle de l’échec, comme avec Space X. Nous, on veut réussir du premier coup. Il faut que cela réussisse », expliquent-ils à FranceGuyanne.

Revoir le lancement

Quelques heures avant le lancement, l’ESA a annoncé que, « dans le cadre des opérations standards de préparation d’Ariane 6 après le retrait du portique mobile, les contrôles de routine des équipements du segment sol ont révélé un problème mineur sur un système d’acquisition de mesures ».

L’Agence ajoutait dans la foulée que le problème était déjà résolu. Seule conséquence : un retard d’une heure sur le décollage, soit 21h heure de Paris. Les premières minutes critiques se sont parfaitement bien déroulées, avec la séparation des boosters, de la coiffe et des étages.

« Un peu plus d’une heure après le décollage, la première série de satellites embarqués sur Ariane 6 a quitté l’étage supérieur de la fusée pour rejoindre une orbite à 600 km de la Terre. Des satellites et des expériences développés par diverses agences spatiales, entreprises, instituts de recherche, universités et jeunes professionnels figurent parmi les passagers de ce premier vol », se félicite l’ESA.

Ariane 6 a réussi à rallumer son moteur Vinci une première fois et devrait le refaire durant la nuit. La fin de la mission est prévue aux alentours de 23h30.


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