Pleins feux
![[Interview] Thomas Baignères : les évolutions d’Olvid depuis la circulaire de Matignon](http://next.ink/wp-content/uploads/2024/08/Olvid.webp)
La messagerie sécurisée et française Olvid s’est brusquement retrouvée l’année dernière sous les feux de la rampe. Une circulaire de Matignon l’avait en effet rendue obligatoire dans les ministères. Peu après l’arrivée de Gabriel Attal, il semble que cette circulaire ait été abandonnée. Thomas Baignères, cofondateur et CEO d’Olvid, nous affirme cependant que l’application fait son chemin.
Olvid est une messagerie qui se définit comme pleinement « sécurisée ». Elle ne fait appel à aucun annuaire centralisé et ne demande pas l’analyse du répertoire téléphonique pour fonctionner. On ne peut donc pas consulter une liste de contacts déjà présents sur la messagerie et leur envoyer un message. À la place, il faut manuellement ajouter ce contact et le vérifier. Olvid garantit l’authenticité de son interlocuteur et ne cherche pas à concurrencer directement un WhatsApp ou même un Signal.
En décembre 2023, Olvid – jusqu’ici relativement confidentielle – est tout à coup au cœur de l’attention des médias. Et pour cause : une circulaire signée d’Elizabeth Borne, alors Première ministre, demande à ce que le personnel de tous les ministères transite vers Olvid. Le tout en quelques semaines. Cette circulaire avait également fait grincer des dents, car elle mentionnait des failles de sécurité dans toutes les autres messageries. Meredith Whittaker, présidente de la fondation Signal, avait fait part de son agacement.
On n’entendra plus parler de cette circulaire avec l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon. À l’époque, Olvid se disait très heureuse de cette brusque mise en lumière. Dans une précédente interview du cofondateur Thomas Baignères, on avait d’ailleurs appris que l’entreprise n’avait pas participé à cette décision. En fait, elle n’avait même pas été consultée, ni même avertie. Le programme et le rythme des journées s’en était retrouvés nettement bouleversés.
Nous avons à nouveau contacté Thomas Baignères pour faire le point sur Olvid et son développement depuis cette fameuse circulaire.
> Comment avez-vous vécu l’ascenseur émotionnel entre la parution de la circulaire et son annulation ?
Alors, en tant qu’entreprise, je pense qu’il n’y a que du positif. Vraiment, ça a été un éclairage incroyable. Il faut dire ce qui est.
Par nature, on est très discrets. Quand on nous interroge, on est très ouverts. On veut expliquer notre approche, pourquoi on fait les choses, comment on les fait. On essaie d’être le plus possible transparents sur nos procédés, sur le code, sur absolument tout. Mais on ne prend pas vraiment les devants. C’est peut-être quelque chose que l’on va devoir améliorer dans les années à venir. On ne fait pas de communiqués de presse ni de publicité.
Et là, tout d’un coup, avec une circulaire comme celle-là, on est propulsés du jour au lendemain à un niveau dont on n’avait pas l’habitude. On a dû répondre de manière aussi simple que possible à beaucoup de questions qui ne l’étaient pas forcément. Les questions de souveraineté reviennent souvent et on a 30 ou 40 secondes maximum pour répondre sans faire de raccourci maladroit.